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Oui, non, enfin peut-être, quand on ne sait pas, on s'abstient ou on l'écrit!

12 Jun

Vintage avez-vous dit?

Publié par Tanga

Quand on parle de soirée vintage, est-ce que ça implique d’office un déguisement ou on part du principe qu’après un certain âge, le vêtement devient superfétatoire ? A partir de quel âge au juste ? C’est sans avoir répondu à ces deux questions que nous sommes arrivées, 5 nanas et un homme à ladite soirée nichée dans un grand bâtiment moderne en plein milieu des champs de vignes (enfin je crois, il faisait nuit).

Une belle ambiance, du beau monde. Enfin comprenez par là du monde différent de celui habituellement rencontré. Un rapide tour des lieux et hop direction la piste. Nous dansons. Enfin je coordonne deux mouvements car la dernière fois que j’ai dansé tous muscles activés c’était heu… dans un club de vacances, après 4 cocktails, les bras en l’air, les yeux dans le vague, les jambes opérant un sabbat de sorcière ayant fumé 4 pétards. Bref ridicule. Mais au moins je pouvais compter sur un nombre limité de témoins, la salle de danse devait contenir à tout casser 10 perdus, 2 aviateurs et 1 amie qui serait bien monté dans l’avion  avec eux.

Donc je danse prudemment au milieu d’une foule bien plus compacte cette fois. Le sourire aux lèvres parce que je me sens bien. Première sortie célibataire depuis une petite éternité. Et entourée de personnes que j’adore fréquenter.

Le DJ est bon. Pas très varié mais bon quand même. Je regarde l’endroit où il mixe et que vois-je près de lui, une jolie blonde sexy et souriante tenant un saxophone lumineux, se préparant à un duo intéressant. Musicalement intéressant. Intéressant ? non disons-le j’ai adoré ton interprétation de tubes modernes et de sa volonté de communiquer avec le public. A coté d’elle, l’air un peu imperméable à ce qu’il se passe, un trentenaire élancé, avec une barbe de quelques jours, une chemise bleue claire et des yeux doux, intrigants dont je n’ai pu me détacher pendant les deux heures qui ont suivi, m’offrant de temps à autre une pause dans ma contemplation.  

Au début, j’ai vraiment eu l’impression de contrôler parfaitement la situation. Je suis la chasseuse, je viens de choisir ma proie. Je l’évalue. Je l’emprisonne dans mon regard. Il me répond d’un regard d’abord surpris et ensuite intrigué. Et la situation s’inverse. C’est moi qui devient une petite chose dont il peut choisir s’il va la manger, l’embrasser ou l’ignorer superbement. Et c’est donc la troisième option qu’il choisira.

A ce moment je pense encore avoir du pouvoir et décide de sortir de son champ de vision, créer le manque. Tout un art. Je disparais et il disparait aussi à son tour !

Quelques aller-retour de cache-cache plus tard nous reprenons nos places respectives, lui derrière la barrière séparant le public du dj et moi au milieu de la foule.

Il faut que je lui donne l’occasion de m’aborder. Il s’en va vers le bar, c’est le moment ! Je lui laisse prendre une certaine avance et lui emboite le pas quelques minutes plus tard. Je passe devant lui, il s’était arrêté pour… rhaaaa zut il fume. Moi pas. Qu’importe, je continue mon chemin vers le bar, m’éloignant de 3 mètres de cette chemise que j’ai envie de lui enlever. Découvrir ses épaules, ses bras, son torse. Arrête. Respire. Il converse avec un homme que je ne pourrais vraiment pas décrire tant il sature mon attention. Qu’il est grand. Je me sens minuscule. Je comprends les filles qui ne peuvent se passer de talons… je suis à plat et je me sens petite à coté de ce géant. D’ailleurs j’aimerais bien moi me retrouver à coté de ce géant. Même en dessous à vrai dire ou entre lui et un mur.

Languir doucement au bar, ne pas se presser pour la commande. ce fut peut-être là mon erreur, il a eu tout le loisir de contempler ma silhouette : deux jambes magnifiques qui avaient oublié leurs talons, une robe à manches courtes en nid d’abeille bleu marine, resserée à la taille par une ceinture en dentelle transparent et s’évasant ensuite jusqu’aux genoux. Robe que j’aurais dû choisir une taille au dessus pour pouvoir respirer correctement.  Un décolleté annonçant une paire de bonnets D et un visage tout rond encadré de boucles noires. Rajoutez des kilos, beaucoup de kilos, une couleur de peau hivernale, quelques cheveux blancs et admirez le tableau. Je ne ressemble à aucune des filles de l’assistance, belles, refaites, jeunes, maquillées avec art, minces, moulées dans leurs tenues comme si on les y avait sculptées. Commander un verre, attendre. Je suis seule non dija ! aborde-moi ! rien ne se passe. Vais devoir tout faire moi-même…je décide de repartir, trois verres en main (ma commande) vers mon groupe d’amis, la piste de danse, et s’offrent à moi deux chemins possibles, la porte de gauche directe, rapide, sûre (je vous rappelle que j’ai trois verres remplis entre mes deux mains le choix gps par excellence. Et la porte numéro 2. Celle qui est juste face à lui. Donc celle que je choisis. Bon je le regarde droit dans les yeux et il engage la conversation ! fière de ce mantra, je me rapproche de lui, plus je me rapproche plus je me sens petite, c’est fou comme il est grand. J’inspire un bon coup, plante mes yeux dans les siens, 20cm plus haut donc tourne mon corps vers la porte (mon intention officielle) et ma tête vers lui (ma vraie intention cachée). Et dans un sourire je lui décoche un bonsoir langoureux… Il pose sur moi des yeux surpris, teintés d’une pointe d’agacement, vient ensuite un regard à éteindre les bougies. Et rien ne se passe. Strictement rien. Pas un mot ne sort de sa bouche. Une demi-seconde plus tard, je bats en retraite en évitant de justesse le rail coulissant de la porte fenêtre et disparais morte de honte dans la foule. Avec mes trois verres. C’est ce qui s’appelle se prendre un râteau. Monumental le râteau. Un bonjour poli en retour m’aurai t suffi, un bref hochement de tête, un demi-sourire même hautain m’aurait suffi mais rien du tout. Je suis mortifiée.

Je regagne ma place dans la foule. Dépitée. Je recommence à danser doucement, faire semblant de rien… de toute façon je ne vais tirer la gueule non plus, mais je me sens nettement moins séduisante qu’en arrivant.

Mon amie se penche soudainement vers moi « ne te retourne barbu à 3 mètre, à 2 mètres, collision imminente ». Je me fige. Ne pas bouger. Je l’ai senti passer derrière moi, sans m’effleurer le moins du monde, j’ai ressenti comme un mur de briques qui se déplaçait. Je suis tout bêtement sur son passage vers son port d’attache, derrière les barrières du dj. Il a pris le chemin le plus court lui. Et j’étais dessus par hasard. Il m’a dépassée sans un regard et a repris sa place derrière les barrières.

J’ai risqué un regard, il posait le sien sur moi tranquille sans émotion. J’ai presque pu identifier un léger sourire.  J’ai cessé de le regarder, il a disparu de mes intentions. Une heure plus tard je quittais la soirée.  

Au fait, vintage c’était pour la musique. Uniquement. Les émotions ne vieillissent pas. J'ai toujours 20 ans et pas le truc pour engager la conversation. 

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